Tordons le cou à quelques idées reçues

Tordons le cou à quelques idées reçues

La formation Prélude est plutôt indiquée pour des justiciables qui ont commis un premier fait. FAUX

Nos 20 ans d’expérience nous permettent d’affirmer que la formation peut être bénéfique indifféremment pour les primaires et les récidivistes.

  • Dans le cas d’un récidiviste, la formation est vécue comme une réponse très différente par rapport à son parcours judiciaire précédent. C’est parfois la première fois qu’ils sont accompagnés dans une réflexion par rapport à eux, à leur façon d’agir, aux conséquences de leurs actes… La formation Prélude (peut) les interpelle(r) par son caractère responsabilisant. Si une justice pourtant plus répressive n’a pas pu avoir d’effet dissuasif sur certains justiciables, pour eux la formation Prélude peut représenter une porte de sortie intéressante.
  • Au contraire, pour un justiciable ayant commis un premier fait, Prélude peut représenter une réponse adaptée et concluante, en évitant la rupture potentiellement dommageable d’un emprisonnement.

Les intervenants Prélude sont formés pour gérer des groupes de justiciables aux passés judiciaires très différents. Ils garantissent un déroulement respectueux de la formation.

Le partage d’expériences à ce niveau permet alors, par une sorte de mise en perspective, de prendre distance et d’éviter de tomber dans un engrenage judiciaire.

La formation Prélude est une thérapie. FAUX.

La formation Prélude n’est pas une thérapie. Elle n’est pas aussi impliquante au regard de la vie privée. Elle ne nécessite pas un degré de réflexion ou de capacité d’introspection tels que nécessaires dans certains suivis psychologiques.

Par ailleurs, une démarche thérapeutique demande la reconnaissance d’un « problème » et une certaine volonté de changement de la part de la personne qui suit la thérapie. Or, pour les participants à la formation Prélude, le problème est identifié par la justice et ne correspond généralement pas à leur définition du problème.

Dire que nous ne poursuivons pas d’objectif thérapeutique ne signifie pas pour autant qu’aucun effet thérapeutique n’est escomptable. Le groupe de responsabilisation va offrir à chacun l’occasion de réfléchir à une série de questions liées au délit qu’ils ont commis, ce qui peut ou non les aider dans leur parcours de vie. Ce parcours sera pour certains, l’amorce d’une demande de type thérapeutique.

Le justiciable doit être motivé par la formation Prélude. FAUX.

L’asbl Arpège-Prélude n’attend pas que le justiciable soit demandeur ou désireux de faire un travail de réflexion, ni qu’il soit d’accord avec la définition de « son problème » par la justice.  Il s’agit bien d’un cadre judiciaire dans lequel la Formation Prélude est une sanction à part entière. Les formateurs ne cherchent pas à nier la contrainte bien au contraire, ils la nomment d’entrée de jeu. (En savoir plus sur « notre méthodologie »).

Par contre, nous attendons du justiciable une reconnaissance minimale des faits, base du travail de responsabilisation, et un engagement réel par rapport aux règles de vie Prélude. Sans cet engagement, le justiciable ne sera pas admis en groupe.

La formation Prélude est une mesure de faveur, un peu laxiste. FAUX

La formation Prélude remplit les « fonctions punitive et préventive » de la peine.

La fonction punitive

En participant à une formation Prélude, le justiciable « paie pour » l’infraction qu’il a commise. Il y a une réaction sociale au délit. Malgré le fait qu’il s’agisse d’une formation, la sanction n’en reste pas moins exigeante et contraignante pour le justiciable : respecter les règles de présence, de ponctualité, respecter et participer au travail de groupe pendant 50 heures, sur une durée de trois mois, après une journée de travail, un samedi…

« La formation, c’est une punition… ».« La formation, c’est pas juste 50 heures. En fait, c’est 3 mois » (propos recueillis auprès de nos participants).

La formation est exigeante également par le travail de réflexion qu’elle implique : revenir sur les faits, l’historique des faits (ligne du temps), parler de ses émotions, parler des conséquences sur soi, son entourage, la victime, son entourage. Certains prétendent préférer trois mois de prison que de devoir réfléchir sur le délit commis, de façon relativement exposante dans un groupe.

« Pour les personnes qui réfléchiraient pas spontanément, ça les oblige à le faire ». *

La fonction  préventive

De nombreux aspects de notre formation peuvent participer à réduire les risques de récidive :

Au fil du module « citoyenneté », les justiciables comprennent et se situent dans le système pénal. En connaissant les « règles du jeu » de la société, ils sont mieux à même de poser des choix « éclairés », qui tiennent compte des conséquences de leurs actes, pour eux-mêmes et pour ceux qui auraient à les subir.

« J’ai appris des trucs sur la loi, les sursis, enfin la loi quoi. Et réaliser comme je te disais, un acte, réfléchir deux secondes avant de faire une connerie. Je te dis je paie même le métro maintenant. Des conneries il m’en faut plus ».

« C’était bénéfique, ça m’a mis une barrière, ça m’a prévenu de ce que je pouvais faire dans le futur… et où m’arrêter ».

 

Une enquête a été réalisée par l’Université de Liège pour évaluer l’impact de la formation Prélude sur ses participants:

  • En ce qui concerne la récidive, 84% des répondants disent ne pas avoir commis une nouvelle infraction depuis la formation.
  • Parmi ceux-ci, 75% d’entre eux ont été sanctionnés pour ce fait. Soulignons de plus que 30% des « récidivistes » le sont pour des infractions de roulage. (…) Globalement, cette enquête nous donne un aperçu assez positif quant à l’évolution des répondants.

La formation Prélude est une formation anti-violence. FAUX.

Les faits qui amènent à une décision de formation ne comportent pas nécessairement des actes de violence directe ; les faits de vols sans rencontre avec la victime sont tout à fait adaptés à notre programme de formation.

Par ailleurs, le fait de parler d’une formation « anti-violence » impliquerait que soit posé un diagnostic sur notre public de « violent ». C’est souvent le diagnostic posé par la justice. Toutefois, avoir commis un acte de violence ne suffit pas pour étiqueter une personne de « violente ».

Or, nous ne travaillons pas sur les problèmes psychologiques internes des gens, mais sur les problèmes identifiés que sont les délits. Le délit signifie que le problème se situe dans les relations entre la personne et la victime et dans les relations entre la personne et la justice, qui représente la société. Nous allons donc travailler sur la position prise par la personne dans ces différentes relations.

Ensuite, travailler sur sa façon de gérer les conflits, les émotions et les passages à l’acte violents ne sont qu’un des thèmes de la formation. Le premier module de la formation sera consacré à la réflexion sur la citoyenneté (cfr textes) et le dernier module sera centré sur les victimes.

Enfin l’objectif de la formation n’est pas de changer les gens mais de leur permettre de réaliser une sanction par rapport à un délit commis. Une sanction en lien avec ce délit, qui favorise la réflexion et la responsabilisation.

La formation Prélude est pour les cas d’atteintes aux personnes et pas aux biens. FAUX.

Nous avons, à tort, été longtemps associés aux seuls faits de coups et blessures volontaires. Or notre programme est tout autant conçu pour les cas d’atteintes aux biens qu’aux personnes, visant une réflexion sur les conséquences du délit sur la/les victimes occasionnées. Or ce type de réflexion, dans les cas d’atteintes aux biens seuls, et qui plus est,  dans les cas où il n’y a pas de rencontre directe entre l’auteur et sa victime (ex : vols, dégradation, incendie volontaire…), s’avère d’autant plus porteuse. Dans ces cas, il n’est pas rare d’entendre l’auteur des faits s’illusionner du fait qu’il n’a pas occasionné de victime. Rendre la personne présente – derrière l’acte posé – voilà qui prend alors tout son sens.