En fin de formation, chaque justiciable rencontre un formateur Prélude pour faire le bilan de la formation. Plusieurs questions sont systématiquement posées, dont la suivante :
Que diriez-vous au magistrat qui vous a envoyé à la formation Prélude ?
- Mais… je lui dirais que j’ai beaucoup appris à cette formation. Heu… que grâce à cette formation, j’ai parfois des pensées autres qu’avant. Je peux me mettre à la place des victimes ou autres et…voilà, je suis très content d’avoir fait cette formation.
- Ben je lui dirais merci, d’avoir proposé ça plutôt que l’enfermement. Tout simplement.
- Ben, comme quoi que ça sert vraiment aux gens, parce que moi ça m’a aidé. Pour moi ça l’a été, et ça l’a été pour les autres.
- Que c’est instructif mais qu’il aurait fallu faire les deux personnes ensemble… (nous sommes sur un fait de coups et blessures suite à provocation) Alors des formations séparées hein, mais pour voir, donner un déclic sur les deux, 50 heures pour l’un, 50 heures pour l’autre pour voir ce qu’il en déduit après la formation. Pas que un…Là ce serait bien qu’il réfléchit, qu’avant de donner un jugement sur quelqu’un, et de le punir, qu’il y a des faits, comme on a vu dans la formation, qu’avant d’avoir une action, il doit y avoir un conflit avant. Qu’il y a un conflit avant qu’il y a une action. Peut-être une formation pour qu’il comprenne pourquoi il a été cherché un conflit et que la personne elle a fait une action là-dessus. C’est ça que le juge… peut-être pas 50h pour lui, mais 20h. 20H, peut-être qu’il a assez peut-être pour comprendre sa réaction, ça aurait été bien. Ca m’aurait soulagé qu’il n’y a pas que moi qui le fait. C’est tout, peut-être pas un psychologue ni rien, mais une formation comme ça, il n’y a pas d’âge pour réfléchir. A 18 ans, à 50 ans, à 80 ans, ça lui ferait du bien.
- Ben je lui dirais merci. Merci de pas m’avoir mis en prison. Ca m’aurait fait justement perdre mon appart, perdre le peu que j’avais, quoi… Je serais encore surement tombé dans le caca et sûrement, encore plus mauvais sur la justice. Je serais vraiment mauvais quoi. Là, je suis content parce que ça m’a permis de faire des choses… aussi, la famille et tout ça, réfléchir un peu sur soi, sur les actes qu’on a fait. C’est toujours mieux que la prison quoi, que ce soit un mois, 6 mois, c’est toujours mieux. Ouais et puis, on voit vraiment que chaque situation, c’est à cause de quelque chose, ou qui a amené à faire ça : alcool, drogue, nerfs, stress… C’est ça aussi, y a des gens qui ont besoin d’aide et qui sont pas compris… ouais ils partent en couille et voilà. Ils devraient même faire un peu plus ce travail là, mais dans la justice, quand ils sont en train de juger les histoires. Avant de juger, parce que c’est facile de juger un fait mais pas une personne. Une personne c’est bien plus complexe… Mais ça devrait être ancré dans le jugement, automatique. Même juste un avis psychologique, de deux-trois mois, comme ça, on voit vraiment comment est la personne, et après on juge. Au lieu de mettre en prison direct euh. Ici, on met en prison et on juge après, c’est pas logique hein… pas logique du tout hein…
- Ah je lui dirais que c’est intéressant, que c’est une bonne alternative à d’autres sanctions et voilà.
- En quoi tu trouves ça intéressant ?
Bah on se met à la place des victimes, je trouve ça intéressant. Et aussi, qu’est-ce qui a amené les autres justiciables à faire leur connerie quoi ?
- Je lui dirais merci… Non, je lui dirais merci. Parce que moi, ça m’a permis de parler de choses que j’aurais peut-être pas pu parler ailleurs. Ca m’a fait du bien.
- J’ai aucun commentaire négatif. Franchement c’est assez positif la formation. Cela ne m’a pas dérangé de venir. Il y a peut-être des jours où j’étais fatigué, mais comme tout le monde… Cela a été enrichissant.
- Je le remercierais de m’avoir envoyé à la formation, parce que ça m’a apporté du positif pour dans les situations à venir, de voir aussi qu’on n’était pas seuls dans ce cas, qu’il y avait des cas bien plus graves qui sont là aussi aujourd’hui, mais c’est prendre conscience aussi de la gravité de la chose…
Par rapport à mon cas particulier : médiation clôturée car la victime s’est portée partie civile une semaine avant la fin de la formation: dans mon cas, si la justice avait bien fait son boulot avant, il n’y a aurait pas eu de médiation parce que j’en serais pas arrivé à ce niveau là des faits.
- Je lui dirais que j’ai aimé, que s’il y a possibilité de retourner, y a pas de problème, je prendrais directement encore 50h, sans hésiter, et donc voilà, je lui dirais merci Madame, grâce à vous, j’ai appris encore des trucs dans ma vie.
- A un juge, je dirais que c’est une expérience humaine positive. Cela ne m’a pas changé, je reste le même. Je serais d’ailleurs capable de refaire la même chose mais aujourd’hui, je voudrais un job.
- A un juge, je dirais que la formation est bien, que j’en retire de bonnes choses, qu’on apprend mais que c’est long.
- Je retire de la formation une leçon. Il y avait des cas différents dans le groupe, on a de quoi réfléchir. J’ai appris sur le comportement humain. On retrouve la même base entre nous, même si on est différent. Je pense que cette formation m’a rendu plus sage, m’a ouvert les yeux. On apprend des expériences des autres. On a pu aussi parler des émotions alors qu’on n’en parle jamais ailleurs. C’est tout ce que lui dirais au juge.
Par souci d’impartialité, nous avons retranscrit toutes les réponses données par les justiciables qui se sont prêtés au jeu, en juin 2016 sur Bruxelles, Charleroi et Tournai. Nous n’avons pas fait de sélection.