La méthodologie

La méthodologie

Découvrez trois de nos exercices dans notre vidéo.

Le programme de formation s’est construit au fil du temps avec pour fondement l’approche systémique et la dynamique des groupes.

Le travail en groupe ? Un outil privilégié de responsabilisation !

La responsabilisation de l’auteur par rapport à son délit est l’enjeu majeur de la formation Prélude. Nous utilisons le travail en groupe comme méthodologie active pour atteindre cet objectif. Les groupes Prélude sont constitués de 6 à 10 justiciables, hommes et femmes, d’âges, d’origines et de classes sociales diversifiées.

Le travail en groupe offre aux justiciables un terrain d’expériences concret, cadré et « sécurisé » par des formateurs expérimentés en dynamique de groupe. Le travail en groupe permet d’ancrer la formation dans « l’ici et maintenant », dans les échanges, confrontations, soutiens… qui naissent entre pairs durant 50 heures.

Le travail en groupe va leur permettre d’apprendre, d’échanger et de s’expérimenter à trois niveaux :

  • Soi-même : « Quelles sont les croyances et valeurs qui justifient mon passage à l’acte ? Comment je me positionne face à la loi et la justice ? Quelles représentations ai-je de la violence ? Qui est-ce que je considère comme une victime ? A quoi servent les émotions ?…».
  • Son mode relationnel : « Comment je me positionne dans un groupe, dans un conflit ? Qu’est-ce que j’arrive à exprimer face aux autres ? Que suis-je capable d’entendre ? Quel est l’impact de mon comportement sur les autres ?… »
  • Sur ses interactions sociales : « Qu’est-ce qui dans mon contexte de vie a favorisé mon passage à l’acte ? Que puis-je y changer ? Comment prendre ma place ou me défendre autrement? Comment me dégager des réputations qui me collent à la peau ?… »

Le groupe comme contenant :

Le travail relatif au cadre et aux règles constitue un axe important du travail effectué avec le groupe. Les règles sont là pour protéger chacun et le groupe (présence, respect du travail du groupe, participation active…). Elles amènent une sécurité indispensable pour que chacun puisse prendre sa place et réaliser un travail d’ouverture et de réflexion en groupe.

Le groupe comme micro société 

Le groupe est un microsystème qui reflète la manière dont chacun fonctionne en dehors du groupe. Il s’agit d’un terrain d’expériences concret, un lieu de relations réelles avec toutes ses règles. Il permet de découvrir la manière dont chacun se positionne dans un groupe et d’expérimenter des comportements alternatifs et un fonctionnement de groupe respectueux. Fonctionner en groupe permet également de comprendre la nécessité des règles pour vivre en société, les conséquences de leur non-respect.

Le groupe comme ressource 

Le partage d’expériences entre participants est une manière d’apprendre des choses pour soi et/ou d’apporter aux autres des idées intéressantes. Dans une dynamique de groupe, chacun bénéficie de l’expérience de l’autre qui peut être le point de départ d’une prise de conscience pour soi. La parole d’un pair a souvent plus de poids et de légitimité que celle d’un professionnel. Le groupe devient alors une source de mobilisation pour ces personnes « peu demandeuses ». Il fait office de miroir pour les individus qui le composent.

Permettre la réflexion personnelle dans un cadre d’aide contrainte

La formation Prélude ne s’adresse qu’à des personnes judiciarisées, à qui la justice a imposé une sanction en réaction à un délit commis.

La formation Prélude étant une mesure « alternative », de nombreux auteurs n’acceptent de participer à la formation que pour éviter certains risques : poursuites pénales, emprisonnement…

Or, de nombreux exercices travaillés lors de la formation Prélude visent à se remettre en question, à poser un regard différent sur soi, à échanger avec d’autres… il s’agit d’un travail très personnel et impliquant.

Ce contexte suscite de nombreuses questions ; N’est-il pas difficile de participer activement et sincèrement à une formation qui est une « punition » ? Comment savoir si la participation des justiciables en formation est « sincère et profonde » ou « stratégique et de pure forme » ? L’auteur des faits est-il d’accord avec la définition du problème donnée par la justice (problème de violence, impulsivité, alcoolisme…) et à la solution imposée (formation, thérapie…) ? Ou fait-il semblant d’y « obéir » afin d’éviter les conséquences pénales ? Et s’il accepte de se changer par les moyens imposés par la justice, comment le prouver ?

Ce sont les paradoxes liés à « l’aide contrainte : comment obliger quelqu’un à être aidé ?

Le contexte spécifique du travail sous mandat judicaire, nous a amené à développer une méthodologie de travail de l’aide contrainte largement inspirée de celle développée par Guy Hardy dans son ouvrage « S’il te plaît ne m’aide. L’aide sous injonction administrative ou judiciaire » (2001).

Pour sortir du paradoxe, Prélude met en place les conditions pour permettre la réflexion personnelle et l’échange entre pairs.

Le cadre d’intervention est conçu comme une tâche à réaliser. Arpège-Prélude demande aux participants de s’engager, non pas à « changer », mais à respecter les règles de fonctionnement du groupe (voir les règles de vie). Le respect de ces dernières doit permettre, au bout des 50 heures, la levée de la condition judiciaire. L’évaluation remise à la justice ne portera que sur le respect des règles de vie du groupe. Le contenu de ce qui se passe en formation, ce qui se dit, se vit… est couvert par le secret professionnel.

Ce fonctionnement permet de dégager un espace de travail personnel: une fois que les règles du groupe sont respectées, chacun peut saisir « en toute liberté et sans obligation » l’occasion de réfléchir sur le délit commis, ses conséquences, ses façons d’agir…

Si la contrainte est source de complexité dans notre travail, elle constitue aussi l’ouverture vers un processus de responsabilisation avec des personnes pour qui, en partie, un travail de réflexion n’aurait pas été entrepris.

Le travail autour du tiers

Le passage à l’acte délictuel vient signer la non-reconnaissance (du moins) transitoire de l’autre dans son altérité. La non reconnaissance du vécu de l’autre et du fait que la victime va être impactée par mon acte (appropriation de ses biens, atteinte à l’intégrité physique, morale). Non reconnaissance de l’instance tierce : la société et ses règles qui régissent ce rapport à l’Autre.

La formation Prélude va, à de multiples niveaux, venir réintroduire du tiers. Son dispositif général ;

  • un cadre qui se construit à 3 ; le mandant (l’autorité qui donne le mandat – représentée par l’assistant de justice), le justiciable et le service mandaté (asbl Arpège-Prélude) ;
  • le travail de l’individu face aux autres, le groupe, mais aussi le duo d’animateurs ;
  • l’engagement face à des règles de vie, la construction d’une charte de groupe, le cadre ;
  • l’utilisation d’exercices, objets tiers, médias qui vont être les supports de la réflexion proposée au justiciable : débats, tours de tables, questionnaires, productions personnelles de participants (lettres, dessins, lignes du temps), témoignages vidéos de victimes, mises en situation et jeux de rôles. Ces derniers restent un moyen privilégié pour inviter une personne à se décentrer de son propre point de vue pour « jouer » un rôle qui n’est pas le sien et tester éventuellement des modes relationnels différents.